Projet: Les enfants de l’Amazone
Mitú, Colombie
Le 26 janvier 2011
Mission réussie! Mon expédition en canoë le long du fleuve Vaupés en Amazonie Colombienne a été un succès (j’ai survécu quoi). C’était toute une aventure comme vous pouvez l’imaginer, entre les serpents venimeux, les rebelles armés jusqu’aux dents, les chutes d’eau mortelles, les mines anti-personnelles, les tarentules, les jaguars, les fourmis plus douloureuse que des scorpions, les maladies tropicales, les plantes avec des feuilles plus tranchantes que des lames de rasoir, la chaleur extrême, et je pourrais continuer. Tout a commencé alors qu’un avion cargo décrépit me laissa en plein milieu de la jungle sur une piste d’atterrissage militaire en terre battue oú j‘ai été accueilli sous la mire d’une batterie de fusils automatiques. Des explications de ma part étaient évidemment nécessaires. Mes réponses par contre, reçues avec pas mal de scepticisme. Une heure plus tard, sur le bord du fleuve, le colonel me faisait signer une décharge écrite à la main sur un bout de papier, comme quoi une fois que je quittais la base, ils n’étaient en aucun cas responsables pour ma vie. Les soldats qui étaient venus me serrer la main sont alors remontés prendre position dans leurs bunkers. Et c’est sous leurs regards incrédules que je repoussais mon canoë surchargé de la rive et que je sautais dedans, alors que le courant commençait à m’emporter vers cette légendaire Amazonie « mangeuse d’hommes ». J’avais peur. Ca a duré environ 15 minutes. Lorsque les casques camouflés et les pointes de mitrailleuses disparaissaient derrière moi avec la première courbe du fleuve, je me suis senti, tout d’un coup, complètement a l’aise, libre, dans mon élément, seul au monde, et prêt à affronter ce qui m’attendait. Les prochaines 2 semaines sur ce fleuve qui m’emmena jusqu’à la frontière brésilienne, ont consisté en une série de paysages à couper le souffle, de rencontres profondément humaines, d’instants de partage émouvants, de moments de solitude divins, de dangers frémissants, de décisions vitales et de chance inouïe.
Un grand MERCI pour tous ceux qui ont supporté ce beau projet. Après mon arrivée à destination, Audrey Gagnon-Mc Mahon et moi avons pu faire la livraison des hamacs et des moustiquaires à l’école de la communauté de Bocas del Yi. Je ne peux pas expliquer, avec des mots ou des photos, a quel point votre don a fait une différence pour les enfants et les communautés d’ici. Il est dur d’accepter la réalité de la pauvreté extrême et des rudes conditions de vie dont nous avons été témoins dans ces communautés indigènes. Nous restons modestes par rapport à la différence réelle de notre aide quand beaucoup d’entre eux passent des journées entières sans manger un seul repas. Mais nous pouvons tout de même vous assurer du changement positif d’un tel geste. C’est à travers ces petits changements concrets que l’on arrive éventuellement à faire une grande différence. Et c’est grâce au support de personnes comme vous que nous pouvons réaliser ces petits changements. Alors, merci.
-Yannick Daoudi